Le dernier article de cette année 2011 devait être lié à la catastrophe de Fukushima. J'avoue que je voulai d'abord traiter du manque d'objectivité de la presse locale en tant que victime, à plusieurs reprises cette année, de leur comportement. Mais, tout bien réfléchi, ma susceptibilité et mon ego n'en valent pas la peine.
Je ne vais pas revenir une fois de plus sur la catastrophe japonaise, mais sur ce qu'apporte le nucléaire à la France. A comparer aux risques qu'il représente.
Les emplois :
Les études sur ce point se multiplient et se contredisent, il existe pourtant un exemple concret d'un pays qui a remplacé une partie de son électricité nucléaire par de l'électricité venant des renouvelables. Cet exemple, c'est celui de l'Allemagne, qui a compensé à partir du milieu des années 1990, 20% d'électricité nucléaire par 20% d'électricité provenant d'énergies renouvelables. Le nucléaire générait 40 000 emplois directs, les énergies renouvelables environ 300 000 emplois.
Le coût :
Le rapport de l'Union Française de l'Electricité (UFE) citée par Proglio indique, en effet, que sortir du nucléaire coûtera 400 milliards d'euros (et combien d'emplois pour démanteler les centrales?). Mais, Proglio oublie de dire que le même rapport précise que continuer à utiliser le nucléaire coûtera 300 milliards d'euros.
Le rapport indique aussi que le prix du Kwh augmentera de 32% avec le nucléaire et de 65% en cas de sortie du nucléaire. Bien loin donc, du doublement du prix avancé par Nicolas Sarkosy en campagne "démagogique" présidentielle.
Une autre étude de Benjamin Dessus (association Global Chance) arrive à la conclusion que sortir ou rester du nucléaire aura le même coût.
L'indépendance énergétique :
Le nucléaire représente 17% de l'énergie consommée en France ( et non produite, la distinction est importante car le réseau électrique français gaspille énormément d'électricité). Un tiers de l'énergie consommée vient du pétrole, soit autant que pour les autres pays européens. D'ailleurs, un français consomme en moyenne 1,06 TEP (tonne équivalent pétrole) de pétrole et de gaz, un allemand 1,01 TEP et un italien 0,92 TEP.
Le nucléaire ne garantit nullement l'indépendance énergétiqe de la France.
Conclusion :
Il est certain que le nucléaire ne permet pas à la France une indépendance énergétique. Au niveau des emplois, ceux générés par le démantèlement des centrales nucléaires, la mise en place d'énergies renouvelables, la recherche - développement nécessaire sur ces technologies nouvelles et les travaux d'isolation des habitations indispensables à la recherche de la sobriété énergétique semblent compenser largement les emplois liés directement ou indirectement au nucléaire. D'autre part, le coût sera, je pense, légèrement plus élevé en cas de sortie du nucléaire, mais ce petit supplément vaut-il le risque d'un Fukushima français?
Enfin, le débat entre antis et pros nucléaire renvoit surtout à une conception de la société future différente. D'un côté, les défenseurs de la société du 20ème siècle, fondée sur le gaspillage et une production énergétique en constante augmentation. Reposant sur les capacités de l'humanité à domestiquer et épuiser les ressources naturelles et ... humaines. Ils refusent la réalité et l'épuisement des ressources énergétiques (et les dangers humains du changement climatique) comme ils ont nié le problème des déficits publics.
De l'autre, les précurseurs du changement qui veulent l'anticiper pour ne pas le subir. Leurs armes, sont principalement la sobriété énergétique et le mix énergétique. S'adapter dès aujourd'hui pour conserver notre qualité de vie et permettre aux générations futures d'avoir au moins la même.
A l'année prochaine..